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La moitié des emplois créés au Maroc en 2012 sont des contrats ANAPEC ! - Journal La Vie éco
L'ANAPEC a inséré 55 399 lauréats, dont près de 70% au titre du contrat Idmaj.
Le nombre de bénéficiaires de contrats ANAPEC est en hausse de 10% en
moyenne annuelle. L'absence de couverture sociale n'incite pas
l'ensemble des bénéficiaires de contrat d'insertion à finir leur stage.
En 2012, on l’a déjà rapporté ici, il y a eu 127 000
emplois créés et 126 000 perdus, soit un solde positif de 1 000 emplois !
Un niveau historiquement bas. Ce que l’on ne savait pas, en revanche,
c’est que 30% des 127 000 emplois créés relèvent du dispositif “Idmaj”,
ou contrat d’insertion, géré par l’Agence nationale de promotion de
l’emploi et des compétences (ANAPEC). Cela montre toute l’importance de
ce mécanisme d’encouragement au premier emploi, mis en place sous sa
nouvelle version en 2006 et reconduit, dans la Loi de finances de cette
année, jusqu’au 31 décembre 2016.
Selon des statistiques fournies par l’agence, en effet,
55 399 insertions ont été réalisées au titre de l’année 2012. Sur ce
total, près de 70% l’ont été dans le cadre du contrat insertion, soit 37
671. Le reste étant constitué de contrats à durée déterminée (CDD) pour
28% et de contrats à durée indéterminée (CDI) pour 4% ; l’ANAPEC, pour
rappel, s’occupant également des placements relevant du droit commun.
Au total, les créations d’emplois en 2012 sont, pour
moitié quasiment, des contrats ANAPEC. Cela appelle une double
observation. D’une part, le recours à cet organisme indique une
évolution intéressante dans la qualité des emplois offerts, sachant que
les 126 000 emplois détruits sont des emplois non rémunérés alors que
les 127 000 créés sont des emplois rémunérés, avec, qui plus est, un
contrat à la clé, du moins pour ceux conclus avec l’agence. D’autre
part, et c’est la deuxième observation, l’importance (près de 70% comme
déjà indiqué) des contrats “Idmaj” peut laisser penser que les
entreprises ont trouvé là un moyen très intéressant pour employer à
moindre coût. Rappelons ici que quand une société recrute un candidat
ANAPEC dans le cadre du contrat insertion, elle est exonérée, pendant
deux ans, des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu à hauteur
de 6 000 DH par mois. En cas d’intégration définitive du lauréat dans
l’entreprise, celle-ci bénéficie des mêmes exonérations pour encore
douze mois. Dans certains milieux, syndicaux notamment, on s’inquiète de
ce que les entreprises peuvent être tentées d’abuser de ce mécanisme en
recrutant pour deux ans seulement afin de bénéficier des avantages de
l’exonération. Ces craintes, cependant, ne sont pour l’instant appuyées
par aucune étude ou enquête.
On sait en revanche, selon une enquête réalisée par le
ministère de l’emploi et de la formation professionnelle, que 75% des
bénéficiaires de contrats “Idmaj” ont réussi à obtenir une insertion
durable. Toutefois, l’enquête ne dit pas si ces insertions durables sont
obtenues au terme du stage de deux ans et dans les mêmes entreprises où
les lauréats ont effectué leur stage, ou ailleurs.
3,7 mois en moyenne pour trouver un emploi
Autre indication de l’enquête du ministère de l’emploi,
46% des bénéficiaires des contrats d’insertion n’achèvent pas leur stage
dans l’entreprise d’accueil ; ce qui pourrait signifier que ces
candidats ont probablement obtenu, entre-temps, une offre meilleure dans
une autre entreprise, ou bien ne veulent pas continuer le stage en
raison soit du faible niveau du salaire octroyé, de l’absence de
couverture sociale, ou des deux à la fois. L’inexistence de la
couverture sociale pour les bénéficiaires de contrats d’insertion est
d’ailleurs souvent appréhendée (par les syndicats mais pas seulement)
comme le talon d’Achille de cette mesure. Bien évidemment, il n’est pas
question d’exiger cette couverture de l’entreprise qui recrute dans le
cadre de ce contrat (ce serait remettre tout simplement en question son
attractivité), mais peut-être de… l’Etat. C’est du moins ce que certains
suggèrent, mezza-voce. Mais vu la situation financière de l’Etat en ce
moment, la suggestion a peu de chance d’être entendue.
Au-delà des améliorations possibles dont il pourrait
faire l’objet, le contrat “Idmaj”, cependant, a déjà une vertu
indéniable : il réduit substantiellement le handicap majeur dont
souffrent les primo-demandeurs d’emplois, à savoir le manque
d’expérience. C’est d’ailleurs l’objectif premier de ce contrat :
assurer l’employabilité des jeunes diplômés (de la formation
professionnelle ou de l’enseignement supérieur) dont les candidatures à
un emploi sont souvent rejetées pour manque d’expérience. Donc, ce
contrat apporte une première expérience dont l’impact positif apparaît
dans l’enquête du ministère de l’emploi précédemment signalée. Cet
impact positif, c’est l’accès plus rapide à l’emploi : il faut en
moyenne 3,7 mois pour un bénéficiaire du contrat d’insertion pour
accéder à un emploi durable, contre douze mois pour les
non-bénéficiaires. Cela explique sans doute que le nombre de
bénéficiaires des contrats ANAPEC augmente annuellement de 10% en
moyenne, pour atteindre, en cumulé, 340 000 sur la période 2006-2012
(voir graphe). Sur ces 340 000 insertions, 55% sont des contrats “Idmaj”
et 45% des contrats de droit commun.
Les services, gros recruteurs de candidats ANAPEC:
Les 55 399 insertions réalisées par
l’ANAPEC en 2012 l’ont été essentiellement dans le secteur des services
(43%), en particulier les services financiers. En deuxième position se
trouve l’industrie (35%), suivie de l’éducation nationale (8%),
l’hôtellerie (7%), l’agriculture et pêche (5%) et enfin le BTP (2%). Par
région, le Grand Casablanca, à lui seul, attire 23% de ces insertions,
suivi de Tanger/Tétouan (15%) et de Rabat Salé Zemmour Zaër (13%). Les
treize autres régions se partageant les 49% restants.
Salah Agueniou. La Vie éco
2013-03-04
2013-03-04